Depuis que Mohamed Bouazizi s’est immolé, en 2010, à la veille de la révolte contre Ben Ali, de plus en plus de jeunes Tunisiens imitent ce geste désespéré. En particulier dans cette région de l’intérieur, délaissée depuis des décennies par les autorités, et où le nouveau régime peine à combattre le chômage et la pauvreté.
Au gouvernorat de Kasserine, les chômeurs de tout âge se réunissent pour remplir un dossier et formulaire de demande d’emploi. L’opération est organisée dans le calme sous la direction des militaires. Au lendemain du cafouillage du gouvernement sur une éventuelle embauche de 5000 chômeurs dans la région, les gens espèrent encore.
Dans le quartier populaire et deshérité de Karma sur les hauteurs de Kasserine, la population vit au milieu des poubelles, construisent leurs maisons de façon anarchiques jusque dans les oueds. Les familles vivent entassées dans des maisons certes en dure mais dans la plus grande précarité, pas de fenêtres, pas de portes, pas de chauffage et d’eau pour certains. Le seul terrain de jeu des enfants est les poubelles.
Les suicides et particulièrement les immolations sont devenu un phénoméne fréquent en Tunisie comme un geste de desespoir d’une société et d’une jeunesse abandonnée.